Tenue du jour

Depuis mon arrivée ici, je parcourais la ville pour connaître les lieux. Mes parents ont beau être aisés financièrement, je n'avais jamais eu l'occasion de venir ici. Et une seule chose m'obsédait, c'était de surfer, mais vu la période de l'année, ce n'était pas le bon moment pour ça. Comme d'habitude depuis mon arrivée, j'attendais que mes colocs quittent la chambre pour aller me doucher. Vivre avec des garçons en soit ce n'est pas si catastrophique, sauf que j'ai l'habitude de me laisser aller ce qui ne semble pas plaire à mes colocs. Je ne comprends vraiment pas pourquoi ? J'ai rien fait de mal à part sortir en sous-vêtement, c'est pas comme si j'avais utilisé leur gel douche. Enfin tant pis, je crois que je ne suis pas prête à vivre en communauté.

Ma journée se passe plutôt tranquillement. Cours de droit, d'éco, de marketing ma spécialité, d'anglais, la routine quoi, rien de bien intéressant, aucun coup de fil de mes parents comme d'habitude. Je soupire et range mon téléphone avant d'aller au club de radio pour les deux prochaines heures. Les musiques s'enchaînent ainsi que les messages des auditeurs et des professeurs. Ma journée prenant enfin fin, je décide de quitter la fac et d'aller faire un tour en ville. Avec les fêtes de fin d'année qui sont proches, la ville porte les couleurs de fête. Tout semble si différent. Les gens s'amusent, les enfants jouent. Je souris alors, laissant le vent doux caresser mon visage. Après avoir vécu des hiver bien plus froid à Séoul, je dois avouer que cette différence de climat me plait plutôt bien. Sans me rendre compte, je finis par arriver devant un petit café. La première fois que j'étais venu ici, j'avais tout de suite apprécier le cadre et l'ambiance plutôt calme et cosy. Une fois à l'intérieur, je commande un caramel macchiato avant d'aller m'installer à la petite table près de la baie vitrée comme je le fais à chaque fois. Regardant les gens passés.

Sauf que là, il serait plus judicieux que je travaille en vue des examens qui m'attendent la semaine prochaine. Je sors mon ipod, mes écouteurs et mes bouquins et me met en mode off-révisions, musique à fond. J'ai toujours préféré travailler dans des endroits comme ça plutôt que dans des bibliothèques où on doit être silencieux. Au moins ici il y a un peu de vie, des boissons chaudes, des couples qui s'enlacent et s'embrassent, choses que je trouve toujours aussi déconcertante. Mais comme on me l'a fait remarqué, c'est moi qui aie un problème et qui suis bizarre . Au final j'ai finis par m'accepter comme je suis et accepter le fait que je ne serai jamais comme les autres. Etre différent, ce n'est pas si mal en soit.

Cette journée de cours avait été fatigante pour plusieurs raisons : la première, c'est que c'était une journée de plus et, plus on approchait des vacances, plus j'étais fatigué. C'était un fait. La seconde était que mon emploi du temps d'aujourd'hui avait été bien rempli. J'avais enchaîné les heures de cours de toutes sortes, même s'ils étaient majoritairement scientifiques. Heureusement, nous avions des heures d'entraînement de basket, pour le club, aujourd'hui. En somme, j'avais pu me vider un peu la tête et me décharger de toutes les pensées négatives que m'apportaient formules de physiques et TD de sciences. On n'allait pas se plaindre, ça aurait pu être pire.

Après mes quelques nombreuses heures de cours, je retrouvais ma sœur et mon frère. Depuis notre arrivée à Jeju, nous ne passions plus autant de temps qu'avant ensemble, et cela était notamment du à nos départements et dortoirs différents. Afin de remédier à cela, nous avions imposé une sortie hebdomadaire : c'est à dire que chaque semaine, on trouvait un moment pour se voir tous les trois, et passer un peu de temps en famille. Parce que je voyais souvent l'un sans l'autre mais rarement les deux ensembles, mais aussi parce que j'étais proche de ma cadette et de mon jumeau, j'affectionnais particulièrement ce moment partagé.

Aujourd'hui, la destination avait été choisie par ma petite sœur. Elle qui aimait prendre soin d'elle nous avait traîné au centre commercial pour qu'elle puisse acheter une robe qu'elle avait repéré quelques jours auparavant. Pensant que ça ne durerait pas longtemps, nous l'avions accompagné sans protester. Malheureusement, force était de constater que notre petite sœur n'avait pas changé : elle finissait par trouver autre chose, et encore autre chose... On n'en voyait plus le bout.

Enfin, quand elle eut fini, je pris le sac rempli de ses achats afin qu'elle n'ait pas à le porter. On est comme ça, dans la famille : on se chamaille, on se taquine, on se fait des coups dans le dos -jamais très méchants-, mais on a toujours des petites attentions les uns pour les autres. Et même si je sais que ça ne lui déboîtera pas le corps de porter un truc aussi léger, c'est toujours un encombrement en trop. Alors, comme à mon habitude lorsque Jae Sun ne s'y colle pas, je porte son sac.

Puis nous prenons la direction du café où, enfin, nous pourrons nous poser un peu. Nous dénichons vite une place sympathique, l'avant dernière rangée avant la baie vitrée. De là, on a une belle vue sur l'extérieure et sur l'intérieur du café et, en plus de ça, on n'est pas les premiers vus par les passants. Nous nous installons donc et commandons nos boissons. Pour ma part et celle de ma sœur, ce sera bubble tea.

Les discussions vont bon train, les plaisanteries et les pics lancés aussi. J'aime toujours autant cette ambiance dans laquelle j'ai grandi et que je ne changerais pour rien au monde. Être soudé sans être de véritables bisounours, c'est quelque chose qui n'a pas de prix. La chance d'avoir une famille comme la mienne, ça ne s'estime pas non plus. Mais je ne tarde pas à apercevoir un visage et, aussitôt, je commence à perdre le fil de la conversation. Ce n'est pas n'importe quel visage, mais celui de quelqu'un qui m'est familier.

Tout en écoutant ma fratrie d'une oreille distraite, je fixe indiscrètement la demoiselle qui travaille. J'aimerais qu'elle relève la tête de sa feuille, juste histoire de voir sa tête dans son intégralité, et donc de pouvoir coller un nom, ou au moins une situation, à son visage. Elle m'intrigue, et je déteste ne pas répondre à des questions de ce genre. Après environ cinq minutes de distraction pendant lesquelles Jae Sun et ma petite soeur ne cessent de me rappeler à l'ordre, je m'excuse et indique que je reviens dans un instant. Je m'approche de la table de la demoiselle et prends la chaise en face. Une fois installé, je pose ma main sur la sienne, celle qui tient le stylo. Etant tactile, le geste ne me gêne pas, personnellement. Je l'ai simplement fait pour qu'elle me remarque et s'arrête d'écrire.

« Excuse-moi mais ça m'intrigue depuis tout à l'heure. On s'est déjà vus, non ? » je demande, lorsque j'ai capté son attention.

En effet, l'approche que je viens de faire est digne d'un gros lourd de base. Sauf que, contrairement à ce genre de mec, je ne mens pas. Oui, je l'ai déjà vu, c'est certain. Je la dévisage avec insistance, encore et encore... Mais oui ! Je m'en souviens un peu. Enfin je n'arrive toujours pas à la nommer, mais des images d'une soirée me reviennent en tête.

« Tu viens pas de Seoul ? »

On me dit souvent que je n'ai pas l'air d'être quelqu'un de très intelligent, de très bosseur, mais comme on dit, l'habille ne fait pas le moine. Et au grand étonnement de beaucoup, je travaille beaucoup et j'ai de bon résultat. Il suffit juste que je me donne la peine de le faire. C'est un peu pour ça que j'avais peu d'amis au collège et au lycée. Je ne me mêlais à personne, je n'allais pas à la bibliothèque, je ne participais pas en cours, mais j'arrivais quand même à finir première de la classe. Et ça, ça attirait la méchanceté et la jalousie des autres, qui s'imaginaient que je trichais, sauf que je passais mes nuits à travailler, à réviser car je n'avais rien de mieux à faire, que je devais faire honneur à mes parents et que mine de rien je trouvais ça intéressant d'apprendre de nouvelles choses, même si certaines d'entre elles ne m'intéressaient pas. Comme la physique. C'est dans cette matière que je galérais le plus, mais je me forçais quand même pour obtenir une bonne moyenne. C'est donc tout l'intérêt pour moi de venir aussi loin de la fac pour réviser. Pour ne pas être déranger, et garder le mystère sur mon système de travail et mes bonnes notes. J'aime bien laisser croire aux gens que je suis super intelligente, flemmarde et un monstre.

Musique à fond dans les oreilles et concentrer sur ce plan marketing pour une marque de vêtement à imaginer, je ne remarque pas le regard insistant qui se pose sur moi et encore moins quand une personne vient s'installer en face de moi. Ce n'est que lorsque sa main se pose sur moi que je réalise sa présente. En tant normal, n'importe quelle fille normale aurait sursauter, rejeter la main de l'inconnu ou voire pire. Moi, je me contente de lever la tête et de retirer mes écouteurs quand je vois ses lèvres bouger.

« Excuse-moi mais ça m'intrigue depuis tout à l'heure. On s'est déjà vus, non ? »

Toujours aucune réaction de ma part, je me contente de le regarder et de mettre mon ipod sur pause, ne sachant pas encore combien de temps je serai interrompu dans mon travail. Mais j'avoue que pour le coup je ne sais pas quoi répondre vu que je n'ai pas vraiment idée de qui il s'agit.

« Tu viens pas de Seoul ? »

En tout cas lui, il a l'air de me connaître, ou simplement j'ai vraiment la tête d'une séoulienne qui ne s'est pas encore adaptée à sa nouvelle ville. Quoi qu'il en soit, j'essaie de me concentrer un peu histoire de savoir si je le connais, où j'aurais pu le connaître. Je ne suis pas trop physionomiste comme personne, donc il me faut quand même plus d'une simple rencontre vite fait pour être vraiment marqué par le visage de quelqu'un.

« Effectivement oui je viens de Séoul, je suppose que vous aussi, vu que vous semblez me connaître. Je risque de paraître blessante, mais...nous nous connaissons ? »

Je préfère prévenir car certaines personnes le prennent mal que je ne les reconnaisse pas. Mon intelligence à certaines limites. Certains ont un QI élevé et ont des lacunes sur différents points, tel que le contact humain et tout, et c'est un peu mon cas. Mais là ce n'est pas le sujet du jour. Mon regard balai rapidement la salle et je suis légèrement surprise en voyant une personne ressemblant très pour très à la personne se trouvant devant moi. Ca fait toujours quelque chose de voir des jumeaux.

« Je m'appelle Haru, au cas où mon nom vous dirait quelque chose. »

On ne sait jamais.

Je sais que je suis parfois trop entreprenant lorsque je m'aventure vers quelqu'un. Là, par exemple, j'aurais aisément pu me faire envoyer paître en agissant de la sorte. Après tout elle est une femme, je suis un homme, et les filles ont tendance à repousser les mecs qui les abordent alors qu'elles sont seules, surtout quand ils sortent des prétextes aussi bidons que le mien. C'est ce que j'ai pu comprendre en étudiant le comportement de ma soeur qui est, j'imagine, un assez bon exemple. Mais pour ce cas là, mon excuse n'en était pas réellement une : c'était plutôt une réalité, totalement même. Et si elle ne réagit pas à ma première question, la blonde répond à ma seconde et, en conséquence, me rassure. Je n'ai sans doute pas rêvé, elle vient bien de Seoul. Je me mets alors à réfléchir à nouveau intensément. Mais rien de concret ne me vient en tête et je me retrouve bredouille, sans aucune réponse à apporter à sa question, si ce n'est qu'il y a un lien avec une fête. Jugeant la parole inutile, j'opte pour le silence. Il en résulte ses présentations.

Haru ? Ce prénom lui va bien, c'est sans doute parce que je le pense en japonais. A première vue, elle semble avoir la beauté du printemps à laquelle s'ajoute la fraîcheur des premiers jours de celui-ci. Je pense de ces trucs niais des fois. Embarrassé, je passe ma main dans mes cheveux et, dans mon mouvement, je les tire vers l'arrière. Mes deux yeux sont rivés sur elle mais mon regard est perdu. Dans ma prompte rêverie, l'image de la fête ne tarde pas à me revenir en tête et se concrétise.

« Ah... je crois que j'ai trouvé ! » j'annonce, victorieux.

Heureusement que tout ça s'est passé relativement vite et que les souvenirs ne se sont pas trop faits attendre, parce que je risquerais de la déranger longtemps alors qu'elle est en plein travail, sinon. Je ne suis cependant pas sûr de moi, mais je revois sa tignasse blonde et son air à l'aise derrière ses platines. C'était elle qui s'occupait d'animer la soirée, musicalement parlant. Enfin ça, c'est si je me souviens bien et si les images que j'ai en tête ne sont pas faussées. Après avoir laissé durer le suspense un instant, je m'autorise à réfléchir une dernière fois pour ne pas avancer d'affirmations idiotes. Je reprends alors la parole.

« Tu es DJ ? Ou est-ce que je suis à côté de la plaque ? »

La seconde question est : pourquoi elle m'a marqué ? Mais ceci est une autre histoire, faudrait déjà savoir si je suis sur la bonne piste. Je réalise que je me suis imposé tout seul un jeu de devinettes. Je souris, et, inconsciemment, je finis par penser : si j'ai juste et qu'elle est DJ, je m'aime, et ce soir, ce sera pizza.


Hors jeu : Désolé pour le temps d'attente >o<

Je ne dirais pas que cette situation devenait embarrassante car je ne connais pas l'embarras à proprement parler, mais c'était assez spécial de se faire aborder de la sorte. Surtout que ce jeune homme n'avait pas l'air de vouloir lâché l'affaire. Je l'avais marqué à ce point ? Je veux dire, non, je ne pense pas avoir fait quelque chose avec lui. Il m'est arrivé de fricoter un jeune homme pour voir si je ressentais quelque chose, mais il avait été vexé et on s'était quitté en mauvais terme. Mais non, je ne pense pas que ce soit lui. J'arrive quand même à me souvenir du visage de l'homme avec qui j'ai eu un semblant de relation.

Il finit par reprendre la parole, disant qu'il savait où il m'avait vu, me demandant même si je n'étais pas DJ. Au départ j'aurai pu pensé qu'il se trompait de personne, car malgré tout, un visage pouvait être commun, mais un visage bizarre comme le mien qui est DJ, je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup. Il n'y a donc plus aucun doute. C'est bien de moi qu'il s'agit. Avoir les cheveux blonds ça a du bon des fois pour se faire repérer. D'habitude ce sont des gérants de boite qui viennent me voir pour que je vienne mixer chez eux, mais je n'ai pas vraiment l'impression qu'il soit un gérant de boite de nuit.

« Oui je suis bien DJ...enfin je l'étais avant de venir ici. »

Et je dois avouer que ça me manque un peu de ne plus pouvoir le faire. Quand j'étais derrière mes platines j'avais l'impression d'être une autre personne. Plus sur d'elle, j'attirais les regards, enfin c'était à moi de juger sur quoi devaient danser les gens. Je me sentais un peu importante en gros. Ce qui n'était pas vraiment le cas dans la vie courante. Personne ne s'intéressait vraiment à moi, car je n'étais pas aussi jolie, mignonne, innocente et attirant que les autres filles. J'étais un produit bien spécial de ce que pouvait produire ce pays.

« On s'est déjà rencontré en boite ? A part ceux avec qui je travaille, il n'y a pas beaucoup de personnes qui me connaissent en tant que DJ qui viennent me parler après. »

Enfin il n'y a pas beaucoup de personnes qui viennent me parler. En plus physiquement ça va, il est pas mal. Même si je ne connais rien, je sais quand même reconnaître quand quelqu'un à un beau faciès agréable à regarder.

«Il me semble que vous n'êtes pas venu seul. Ca leur convient que vous leur faussiez compagnie ? »

Je n'aime pas me retrouver dans des conflits, surtout quand je n'ai rien demander. Et là je n'ai pas très envie que ça m'arrive aujourd'hui.

Dans le mille ! Ma mémoire ne me fait pas encore trop défaut, si bien que j'ai réussi à trouver qui elle est et d'où je la connais. Je peux donc penser que je m'aime et que ce soir ce sera pizza sans aucun problème. Cela dit, je n'ai toujours pas élucider le pourquoi du comment elle m'avait marqué. Mais chaque chose en son temps, j'imagine, je retrouverai bien, peut-être même sans le chercher. Heureusement que je ne suis pas trop impatient ni curieux.

« Je t'ai déjà vue oui. Enfin je crois, ça m'étonnerait que je confonde. »

Des DJ blondes qui vivaient à Séoul, ça court pas toutes les rues de Jeju. Elle est plutôt jolie également, je me souviens plus facilement des filles de son genre que de celles que je juge plus banales, physiquement parlant. Elle ne tarde pas à me désigner des personnes et je tourne la tête dans leur direction. Bien entendu, elle me parle de mon jumeau et de ma cadette. Puis mon regard se repose rapidement sur elle.

« Ah non pas de souci, c'est mon frère et ma sœur. »

Je ne suis pas un ingrat avec eux, mais ils sont de la famille et nous ne sommes plus des gamins : ils ne vont pas m'en vouloir pour une chose aussi futile. Ils savent bien que j'aime les jolies femmes en plus de ça, ils penseront peut-être que c'est une inconnue que je tente de draguer. Mais ils comprendront bien vite que non quand ma petite sœur fera sa commère -quoi que je pourrais la narguer en lui faisant croire que si, mais là n'est pas encore le sujet. Je baisse mon regard sur les feuilles étalées devant Haru et je me dis qu'il est peut-être temps de la laisser travailler. Je la dérange sans doute plus que je ne le pense.

« Enfin, peut-être que tu veux que je te laisse tranquille ? Je suis désolé, je me suis emballé, mais t'as d'autres chats à fouetter j'imagine... »

Je lui souris, amicalement mais un peu gêné de mon intrusion également. Elle pense sans doute que je suis le genre de boulet qui aborde toutes les filles qu'il voit sans raison, ou le gros lourd qui n'en démord jamais. Ce n'est pas ce que je suis, je serais sans doute plus le contraire. Mais elle n'est pas censée le savoir puisqu'elle ne me connaît pas et ne peut se baser que sur l'image que je lui renvoie actuellement. Bien joué Minnie...

Je n'étais pas du genre à être facilement déstabilisée, avec tous mes défauts, je pouvais au moins être fière d'avoir pour qualité un sang froid hors du commun. Mais je dois avouer que ça m'intriguait beaucoup de savoir qui était la personne qui se trouvait devant moi. Je n'étais jamais à l'aise en sachant que quelqu'un me connaissait, mais que je ne le connaissais pas en retour alors que c'est le genre de truc qui pouvait arriver souvent, surtout quand on a l'habitude de se produire dans des endroits bondés. Je n'ai certes pas l'étoffe d'un grand DJ, mais j'ai quand même un petit comité de quelqu'un qui apprécient ce que je fais. Quand il m'annonce que les personnes qui l'accompagnent sont son frère et sa sœur, je ne sais pas pourquoi, mais ça me rassure un peu, je me sens un peu moins coupable d'un coup de l'accaparer.

« Enfin, peut-être que tu veux que je te laisse tranquille ? Je suis désolé, je me suis emballé, mais t'as d'autres chats à fouetter j'imagine... »

Je dois avouer qu'avec tout ça, j'ai un peu oublier que j'étais en train de bosser. Mais bizarrement, ça ne me dérange pas plus que ça, au contraire. Il faut savoir faire un break de temps en temps. Et puis bon, bien que je sois tel que je suis, on m'a quand même appris à être polie et tenir une conversation, alors autant le faire pour ne pas paraître plus froide et sauvage que j'en ai l'air.

« Non vous ne me dérangez pas, justement je comptais faire une pause et me recommander à boire. Par contre, puis-je connaître votre nom ? Comme sera on sera à égal. »

Je lui fais un sourire avant de finir mon caramel macchiato, avant de me lever, porte-feuille en main.

« Vous désirez boire quelque chose vous aussi ? »

Je suis surprise moi-même par ma proposition. Ce genre de chose ne me ressemble pas, surtout il faut dire que je ne traine pas avec beaucoup de personnes. Seuls ceux qui sont tous aussi spéciaux que moi passent du temps avec moi, on se complète dans notre folie. Mais je ne sais pas pourquoi, cet homme ne me semble pas si désagréable ou mauvais et puis en venant à Jeju, je m'étais promis de faire des efforts et devenir plus sociable, alors autant commencer quelque part.

« Un americano ça vous va ? Il semblerait que cette boisson fasse fureur..Je n'ai jamais été très attirée par ce genre de boisson..je préfère les choses avec une touche plus sucrée. »

Là encore je suis surprise de voir que je dévoile des choses personnelles. Je me contente de sourire à nouveau et d'aller faire la file au comptoir.