do you even remember me ?

...Aujourd'hui, la journée a été plus ou moins positive ; c'est difficile de se lever du bon pied lorsque vous vous réveillez chez quelqu'un d'autre et que vous n'avez absolument aucune idée de l'endroit où vous vous trouvez. Alors oui, j'ai besoin de mon café ; j'ai besoin de me réveiller et puis fuir la routine, la fuir tout simplement. Il y a beaucoup de monde dans ce café, plus que je ne l'aurais cru enfaite. Nous sommes mardi vingt-six novembre 2013 et je fais l'école buissonnière pour me changer un peu les idées et repartir du bon pied par la même occasion. Mais je sens que cette journée est partie pour être merdique".


Sae Ri aime passer du temps dans ce café et on lui a donné un rendez-vous ici ce matin, son portable le lui a rappelé enfaite, et maintenant elle attend patiemment que la personne se pointe. Il commence a faire très froid ces derniers temps, elle a posé sa veste en cuir sur le dossier de la chaise pour rester avec sa robe blanche qui ne lui tient franchement pas très chaud. En rentrant chez elle après la soirée de la veille, elle n'a pas tellement réfléchi en s'habillant et s'est fiée à ce qu'elle voyait ; c'est à dire du soleil. Maintenant elle regrette, dieu qu'elle regrette d'avoir mit cette robe qui descend presque au niveau de ses genoux. Sae Ri est une éternelle frileuse et le jackpot, c'est qu'elle tombe très facilement malade. Alors en quelques sortes, ce café est un refuge la jeune femme. Elle pose finalement son journal sur la table pour prendre la tasse de café entre ses mains histoire de les réchauffer un peu car elles sont constamment froides. Oui, il y a beaucoup de monde aujourd'hui, toutes les places sont prises, mais personne n'occupe la place en face d'elle.


Elle écoute une musique relativement calme pour commencer. Il faut commencer dans le calme selon elle, le matin. Son regard balaie la pièce de façon très distraite. Il y a des couples, beaucoup de couples... On devrait appeler ce café "café pour les couples" tient ! ... Et elle n'y mettrait alors plus les pieds... Et alors quelqu'un d'autre en profiterait pour occuper la place avec la personne qu'il ou elle fréquente. Elle soupire doucement, effaçant ses mauvaises pensées de son esprit et s'appuie alors sur le dossier de sa chaise. Alors qu'elle compte reposer son attention sur son journal, quelqu'un attire son attention. Au départ, il s'agit d'un visage et puis c'est une personne et puis elle le reconnait finalement et là... Là elle ne sait pas trop ce qu'il se passe mais ça fait mal, elle ne saurait pas l'expliquer mais ça fait simplement mal enfaite. Cependant, son regard n'arrive pas à se détacher de lui et tout le reste, toutes les discussions deviennent floues, silencieuses. Comme s'il y avait une espèce de bulle qui couvrait le son autour. Et il n'y a que lui. Elle aimerait bien s'eclipser mais son regard a déjà croisé le sien, c'est fichu. Oui, c'est le mot exact ; c'est fichu.


 

you say my name like it could be an us

Joon, Joon, Joon, une éternité qu'elle ne l'avait plus vu ; il représentait pour elle quelque chose d'étrange dans le sens où ils n'étaient jamais allés où que ce soit ensemble mais dire que c'était à cause de l'indifférence est un bien grand mensonge. Aucun des deux n'avait osé aller vers l'autre et alors, tout simplement, les choses sont restées comme elles étaient. Et puis ils se sont perdu de vue, sans doute parce qu'au fond, c'était trop dur à supporter ; le fait de ne pas pouvoir être ensemble, le fait qu'il ne se passe rien, silence radio. La jeune femme ne peut même pas lui sourire sur le moment, tellement elle est surprise de le croiser dans un endroit aussi... Banal. Elle ne s'imaginait pas des retrouvailles hautes en couleur. Elle ne s'imaginait tout simplement pas de retrouvailles possibles enfaite. Et pour une raison ou pour une autre, ça fait mal de le revoir, ça fait mal de voir que les choses n'ont pas vraiment changées. Elle sent son coeur s'arrêter un moment avant de reprendre. Les bruits extérieurs sont toujours muets et elle est toujours dans cette bulle. Dieu ce qu'elle aimerait casser la bulle et entendre quelque chose d'autre que son coeur qui se met à trembler, mais elle n'y arrive pas, elle n'y arrive vraiment pas.

Et alors que la serveuse tente de lui expliquer quelque chose, probablement que c'est rempli, elle le voit faire demi tour pour se diriger vers sa table. Panique, angoisse, qu'est-ce qu'il se passe ? Il lui demande s'il peut s'asseoir ici et la jeune femme hoche doucement la tête. Non, tu ne peux pas, elle pense tu ne peux pas t'asseoir ici et faire comme si on était de bons amis. On est pas amis, on est des amis d'amis, c'est pas la même chose. C'est pas la même chose bordel...
Un faible sourire se dessine sur son visage lorsqu'il lui dit que ça fait longtemps. Elle hoche à nouveau la tête avant de ranger son journal dans son sac et reposer ses mains autour de la tasse de café historie de les réchauffer un peu plus avant de finalement en boire la quasi totalité. Elle repose la tasse et lorsqu'il lui demande si elle attend quelqu'un, elle bloque un peu sur son propre prénom. Elle ignorait qu'il pouvait sonner aussi bien dans sa bouche. C'est atroce, alors elle opte pour aller sur quelque chose d'ironique histoire d'avoir l'air un peu moins... Affectée ?


Sae Ri - Je t'attendais, elle soupire, faussement ennuyée avant d'ajouter Tu as vraiment mit beaucoup de temps hn ! la mine exaspérée est remplacée par un faible sourire, c'est tout ce dont elle est capable, elle lui répond alors J'attendais quelqu'un mais la personne a sans doute oublié hn, j'aurais oublié aussi si mon portable ne me l'avait pas dit. Ça fait vraiment longtemps, c'est vrai.. Elle finit sa tasse de café avant de lui demander Alors, qu'est-ce que tu deviens ? Est-ce que tu vis la vie dont tu rêvais ? Ça va ?


Elle commande un autre café, juste histoire d'être sûre qu'elle est bien réveillée, que ce n'est pas une blague ou pire encore ; un mauvais rêve. Elle attache rapidement ses cheveux, mourant d'envie d'allumer une clope... Oui parce qu'en Corée du Sud, on a le droit de fumer dans les cafés.


 

and i dunno what to say no more

Des milliers de questions s'entassent dans la tête de Sae Ri ; pourquoi est-ce que ça fait si mal après tant de temps ? Pourquoi est-ce que ça arrive après tant de temps ? Pourquoi elle n'arrive pas à guérir ? Pourquoi est-ce qu'elle se retrouve là avec lui ? Pourquoi elle ne peut pas partir ? Pourquoi elle ne peut pas rester non plus ? Pourquoi pourquoi pourquoi ? Tant de pourquoi sans réponses immédiates. Elle n'ose pas croiser son regard, parce que si elle le croise alors, elle se décomposera et il ne restera plus rien d'elle. Elle n'ose pas croiser son regard parce que ce sera encore plus difficile, tout simplement. Mais le pire, le pire ce sont les pensées ; qu'est-ce qu'il se serait passé si à ce moment là, quelques années auparavant elle était allée le voir et qu'elle lui avait volé un baiser ou qu'elle lui avait dit tout simplement. Les choses auraient étés différentes n'est-ce pas ? Les choses auraient forcément étés différentes. Et Sae Ri a la phobie du "et si" c'est atroce de se dire qu'il aurait pu se passer quelque chose si elle avait essayé, s'il avait essayé, s'ils s'en étaient donnés la peine. Et maintenant elle le regarde avec une lueur de regrets dans les yeux qu'elle tente de cacher en posant son attention sur des points imaginaires.


A son sourire, son terrible sourire, son coeur se serre. Elle se demande pendant combien de temps encore les images, les souvenirs vont restés aussi nets parce que c'est plus qu'elle ne peut le supporter. C'est comme une bombe à retardement qui ne sait pas quand elle va exploser, elle ne sait vraiment pas quand ça va arriver mais ça restera à l'intérieur ; certes, à un moment ou un autre elle aura besoin de s'isoler et pleurer une bonne fois pour toute en se promettant que c'est la dernière alors qu'au fond d'elle elle sait, elle sait que ça ne sera probablement pas la dernière fois. Tout comme elle sait, elle sait maintenant que se persuader qu'il n'y avait rien allait être douloureux. Ça l'est maintenant encore plus. C'est à la fois une torture et à la fois agréable de pouvoir entendre sa voix. Apparemment tout va bien pour lui, il est dans le cursus qu'il avait choisi. Il est dans la même université qu'elle mais l'immense université lui aura épargnée cette surprise. Apparemment non, le monde du travail n'est pas petit mais parcontre, le monde extérieur l'est extrêmement, pour se rencontrer comme ça, dans un café qu'elle fréquente pratiquement tous les jours. Elle hoche doucement la tête et s'amuse avec son stylos avant de finalement le ranger quand il lui demande ce qu'elle devient. Ce qu'elle devient...


Sae Ri - Hm... Je suis à Jeju-do aussi, en arts du spectacle, et je voulais aussi faire ça alors moi aussi ça va... je remet ma veste en cuir sur mes épaules, prise d'un soudain coup de froid C'est une bonne chose alors... Que tout aille bien elle dit avec un léger hochement de la tête. Mais le monde est assez petit finalement, pour qu'on se retrouve dans la même université hn... Sinon sinon, rien de nouveau de ton côté ? elle dit en sortant son paquet de cigarettes Je m'excuse d'avance Joon, je n'en ai pas allumé de toute la journée alors désolé si ça te dérange hn... Et sur ces paroles, la flamme de son briquet vient consumer la cigarette entre ses lèvres.